

Autre loi
On a coutume de dire que le monde est à ceux qui se lèvent tôt !
Pourquoi faut-il que le monde appartienne ? Pourquoi faut-il s’approprier ?
Pourquoi ériger des frontières, de ces limites imaginaires
Qui comblent le vide millénaire de nos relations si précaires ?
D’où nous vient le droit de décréter que simplement parce qu’on y est né
Ce morceau de monde ne sera plus un bien commun à partager ?
Quel est ce droit qui joue aux dés le privilège des nouveau-nés ?
Va naître ailleurs mais choisis bien, il y a beaucoup de bébés affamés !
La sélection naturelle tue, peu importe ta couleur de peau !
Du coup tu décides que chez toi, t’es tout seul à être le bienvenu !
Pourquoi tu culpabiliserais ? La chance t’a souri t’en abuse
Et tu plains (ou même pas) devant ta télé ceux qui n’ont pas eu autant de pot.
L’égalité c’est un concept à peine un mot sans consistance.
L’injustice en revanche se précepte mais ici plus personne n’y pense.
Il reste bien l’espoir de trouver une solution à cet état de fait :
Pour sortir de l’abîme tous ceux qu’on voit d’l’autre côté du fossé.
Ouvrir les yeux ! Sur les prémisses d'une autre loi ! Ouvrir les yeux ! Ouvrir les yeux !
On a coutume de dire que le monde est à ceux qui se lèvent tôt.
Bienvenue dans le monde de ceux qui pleurent qui ne possèdent rien d’autre que leur peur
Peur de rien trouver pour nourrir leurs nombreux enfants affamés.
Peur de bosser chaque jour, heure, minute, seconde,… Pour gagner quoi ? Sans déconner !
Les journaux disent du mal de ceux qui spéculent sur cette peur, tu peux
Prétendre qu’tu savais pas, aujourd’hui personne te croira
T’as décidé de fermer les yeux d’tourner la page d’un mouvement d’doigt.
Ce même doigt qui d’un simple clic détruit des vies pour faire du fric.
C’est dans des grandes salles pleines d’écrans que se joue le destin de ces gens
A la criée ou dans le placement de valeurs vitales virtuellement.
Faire additionner tous ces 1 à des 0 tu comprends bien
Que ça scelle la pierre tombale de ceux qu’on considère comme moins que rien.
Pendant ce temps au fond de leur bureau au dernier étage des plus hauts
Buildings, des mecs à l'énorme ego construisent la misère et le chaos
Qui s’abat sur le monde KO avec l’aridité du billot.
Et tout le monde rampe dans la famine au fond de l’échelle des capitaux.
Ouvrir les yeux ! Sur les prémisses d'une autre loi ! Ouvrir les yeux ! Ouvrir les yeux !
On a coutume de dire que le monde est à ceux qui se lèvent tôt.
J’aimerais bien savoir à quelle heure les mecs se changent en oppresseurs
Pour faire fructifier leur bonheur au détriment d’ceux qu’ont ni l’beurre
Ni l’choix, ni lueur, ni l’bon sniper, pour renier leur droit au malheur
On a coutume de dire que le monde est à ceux qui se lèvent tôt
Tôt dans quel fuseau fais-moi signe qu’on abolisse ce règne indigne
Les géants dans leurs tours d’ivoire écrasent sans vergogne les insignes
Travailleurs qui plantent les graines du même système aux fins malignes
On a coutume de dire que le monde est à ceux qui se lèvent tôt
Je vais te dire moi je préfère les grasses mat coupé de ce monde échec et mat
Comme toi je reste là presque hypocrite à gueuler contre l’injustice
Qui nous fait rois ici en Suisse quand d’autres loin d’ici subissent
Ouvrir les yeux ! Sur les prémisses d'une autre loi ! Ouvrir les yeux ! Ouvrir les yeux !
Et quel combat pour la décence, illusion fière de cette pénitence
Qui rassure sur notre cœur généreux et nous comble de bonne conscience
Mais sérieusement là quand t’y penses tous ces mots vides de conséquence
Résument bien toute l’incohérence entre nos actes et nos croyances
Car c’est ici loin des hautes sphères des décideurs au cœur de pierre,
Où tout l’monde sait que c’est l’enfer de naître dans l’mauvais bled sur terre.
Oui c’est ici, autour d’une bière, qu’on peut être révolutionnaire,
Qu’on peut hurler, entrer en guerre, ou seulement éviter de se taire !
Ouvrir les yeux ! Sur les prémisses d'une autre loi ! Ouvrir les yeux ! Ouvrir les yeux !
Car, c’est ici, à chaque instant que le respect puise son existence
Puisqu’on sait que là pendant qu’on danse la faucheuse s’avance en cadence
Loin des manifs et des médias, des discours de ceux qui font loi,
Elle abreuve la terre en silence du sang d’humains comme toi et moi.