Au cœur des songes
A l’aube, ambiguë, incertaine, la lumière se faufile par de nombreux obstacles et jusque dans nos cœurs.
Les paupières encore closes sur des yeux imprégnés, jusque sur la rétine, comme des toiles d’araignée,
S’il en manque des fils et si l’on n’est pas sûr des divers enchaînements que la nuit nous procure,
Il apparaît toujours quelques bribes insensées qui méritent qu’on oublie ces augures, qui méritent qu’on oublie ces pensées.
D’un mouvement lancinant, et sans trop y penser, le corps sait accomplir les mêmes gestes sacrés
A cette heure, le cerveau, toujours aussi borné, prête une oreille bouchée aux échos des pas de Morphée
Le jour se lève encore, quelque part c’est l’aurore qui s’éternise au seuil de nos pauvres douleurs
Mais l’étrange s’impose s’insinue s’interpose et l’on accuse le coup quand l’inconscience écœure
Car il y a des visages gravés au firmament de nos cranes submergés des hurlements d’horreur
De gens dont on ignore jusqu’à leur existence, mais qui hantent nos peurs sitôt le sommeil né
Des membres nous effleurent, dans ces instants reniés, des membres déchiquetés, lambeaux de déchirure
L’intellect succombe au poids de l’émotion qui s’écrase sur nos âmes tremblantes et révulsées
Il y a au cœur des songes un endroit mystérieux, où demeure la psyché tellement controversée
De son pouvoir serein, le dieu efféminé, crée la réalité, dont on croit se sauver
Mais point de trêve, point de trêve, on dort, dans un berceau de peine
Conçu jour après jour pour nourrir les heures
Où l’inconscience saigne son incompréhension que l’absurde et son règne instaurent d’un air moqueur !
Reviens, reviens, mon seigneur, dans ce lieu de démence ! Si l’on a tant perdu le sens de notre essence,
Quelle impudique instance nous impose ces danses, ces illusions de transe où les larmes ensemencent
Des chants de décadence où tout ne naît qu’en puissance, frileux terreaux de vie au doux venin insoumis
Comme on s’excuse encore pour tant d’incohérence on s’éveille en sursaut !.. En silence !.. Quel ennui !