Il y avait
Il y avait le silence l’obscurité infime aucun tout aucun geste aucun lien vers le reste
Il y avait l’insistance d’une volonté intime des profondeurs du vide un devenir s’instille
Il y avait d’autres lieux d’autres ébauches de cimes immergées calmement d’une mer immobile
Il y avait tant de cieux perdus dans les abîmes sans milieu sans espace sans dimension céleste
Il y avait le présent hors de toute incidence dépourvu de durée éternel manifeste
Il y avait le moment incompressible et dense suppliant les nuées pour tenir à un fil
Il y avait d’autres temps d’autres ébauches de limes au faîte de tous les âges sérieux amers subtils
Il y avait tant de nœuds perdus dans les abîmes sans instant sans attente sans finitude funeste
Il y avait les ténèbres cette mer de béances l’improbable frisson du cosmos qui se meurt
Il y avait les aveux de ce temps d’insouciance l’impossible chemin imprégné de douceur
Il y avait d’autres vies d’autres ébauches de plaies l’ombre de la lumière d’un sourire qui demeure
Il y avait l’impulsion sans cesse des regrets la caresse d’un passé dépourvu de candeur
Il y avait des soupirs inconstants souvenirs
De ces instants solides où l’âme soudain se vide
Il y avait tout au fond des cavernes de nos peurs les images récurrentes de méandres de racines
Il y avait à cette vue dans les antres du cœur la nausée incongrue de nos croyances indignes
Il y avait d’autres fois d’autres ébauches de choix le couperet acéré qui sans cesse élimine
Il y avait dans les sombres recoins de nos lois l’article qui impose une fin à cette ligne
Jusque-là tout va bien se répétaient en chœur les agneaux de l’abîme
Jusque-là tout va bien se consolaient encore ces enfants qu’on abîme
A quand les larmes sèches à quand le jugement
Jusque-là tout va bien