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Le vieux monde

Qu’est-ce t’en dis toi qu’es né hier, de ce vieux monde qu’on appelle la Terre

Tu crois que tu sais ce qui t’attend, tu crois qu’faut prier tant qu’t’as le temps

Regarde seulement autour de toi, là-bas c’est la guerre, ici le froid

Ailleurs c’est la crise, détrompe-toi pourtant il y a pas de meilleur endroit

 

C’est pas parce que tout le monde se plaint qu’on améliore notre quotidien

Trop de monde veut tirer les ficelles, chier du pognon, brûler le missel

Mais le soleil ne brille pas plus pour eux, marionnettes à deux sous sans yeux

Puisqu’ils ne servent plus qu’à pleurer, eux sont incapables de donner

 

C’est aux autres, autour, démunis, de subir ces guerres de nantis

D’user leur âme, leur corps, leur vie, pour ne récolter que des soucis

Une jeunesse brisée, défoncée, encore une, certains disent désenchantée

Une vieillesse oubliée, patiente, épave d’une ère corrompue méprisante

 

J’suis né dans les années septante fallait voir les mecs sous leur tente

Hurler pour une énième liberté, pour avoir plus le droit de baiser

Vingt ans plus tôt c’était moins beau, fallait reconstruire le monde, en gros

Mais quand tu cherchais du travail t’avais pas sept milliards de rivaux

 

Aujourd’hui tout est plus facile, tout fonctionne au clavier tactile

L’ordinateur parle c’est pratique à quand celui qui fume ou qui nique

Mais attention on communique le monde virtuellement s’étrique

Des réseaux d’amitiés publiques, internationaux, c’est pudique !

 

Bridge

 

A fréquenter le monde entier fallait s’y attendre on est surbooké

Plus le temps de s’arrêter boire un verre les rencontres ne se font que derrière

Un écran de plus en plus plat le cul planté dans ton sofa

Oh belle illusion postmoderne gratuite pour « geeks » et « no life »

Change de chaîne quelques instants, mate les infos, le monde en bref, la météo

 

Sale temps pour l’économie de marché depuis qu’y a plus de thune à dépenser

Franchement j’préfère pas avoir d’télé, ce qu’on y voit du monde ça m’fait chialer

J’vais plutôt rester dans mon coin et faire comme si il s’passait rien

Comme si tout ça c’était du blabla de la propagande des médias

Comme si le problème était ailleurs et qu’ici on nageait dans le bonheur.

 

Bridge

 

Parfois j’jette un œil par la fenêtre et j’constate que tout le monde veut être

Prisonnier d’une tour de béton derrière un double vitrage blindé

Ignorant consciemment le monde qu’agonise avant de s’écrouler

Partisan du qu’est-ce que j’peux faire, j’suis tout seul, trop petit, trop faible

Pour lancer une révolution, faudrait des couilles et du pognon

 

Encore et toujours ce même nom qui résonne haut dans toutes les sphères

Et Dieu tout puissant au balcon qui se prélasse, il a plus grand-chose à faire

Puisque, sous-fifre de l’ambition, on ne lui voue plus aucune prière

Tout part à l’autre nerf de la guerre, vive le bonheur totalitaire !

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